Memento (2000) de Christopher Nolan ou le processus blanco.



MEMENTO

Memento touche au thème de la mémoire, et plus particulièrement, à celle de Leonard Shelby, le personnage principal.

Cet homme n’a pas, dès le départ, une personnalité affirmée ni une identité précise, surtout aucune d'indication sur sa provenance. Le spectateur met ça sur le compte de son amnésie de la mémoire immédiate. Cette « condition » fait de lui un personnage qui se souvient de tout, sauf de ce qui s'est passé après que « sa femme ai été violée et assassinée par John G. » dit le tatouage sur son torse.
« Freaky tattoo » lui dira Natalie.
« Homemade tattoo » pourrait elle dire aussi.

Rien que d’y penser ça donne froid dans le dos.


MEMENTO


Il est à la recherche de cet homme, John G., qui a ruiné sa vie, l'empêchant de vivre normalement. Il a comme indice, un rapport de police épais comme un pavé (difficile à lire quand on a des problèmes de mémoire immédiate), son instinct, et ses tatouages glauquissimes. Evidemment, sans mémoire immédiate depuis une durée que lui-même ne connaît pas, il ne se souvient même pas les avoir faits, et les redécouvre à chaque fois qu'il prend sa douche.

Autant dire que tout cela nous laisse d'abord un peu sceptique. Comment quelqu'un peut il réellement vivre comme cela ? Il va falloir nous convaincre que cette mascarade est possible.


MEMENTO


Ce personnage, parlons encore un peu. Cette amnésie, n'est elle pas un peu originale ?

Il se souvient de tout, mais pas des choses récentes. Il oublie les gens aussitôt qu'il les rencontre et les photographie pour garder une trace. Pas de mémoire, mais des faits. Des photos, des traces écrites, rien d'oral. Monsieur a donc toujours un stylo sur lui.

C'est un enquêteur, un vrai. Les images en noir et blanc qui entrecoupent les images en couleur le prouvent : c'était son travail de percer à jour les gens qui essaient de flouer leur assurance avant son amnésie. C'est un rapace qui va enquêter partout. Une putain de fouine.


MEMENTO


Et c'est là que Christopher Nolan tient son fil conducteur. Le rapace privé de ce qu'il a de plus cher, sa mémoire, est donc obligé, pour survivre, de venger son passé, puisqu'il n'a plus que ça : des souvenirs qui datent de plusieurs mois, plusieurs années peut être. Quelle noblesse dans ses intentions.


MEMENTO


Memento est un film qui a une forme bien particulière et unique, et fait de lui un film captivant et qui attire la fascination de tous. C'est pour cela qu'il nous dupe aussi facilement.

Si nous nous rappelons, Inception, son précedent gros cachet, avait plusieurs vitesses et plusieurs niveaux à la fois : le rêve intégré dans le rêve, associé à une construction en deux parties ; la réalité vécue d'abord, dans laquelle les personnages préparent le rêve et le justifient, puis le rêve dans lequel les personnages dorment. L'effet est immédiat : le spectateur est face à un monde vaste, développé, construit dans le scénario lui-même. Évidemment, cette recherche de la complexification par la forme résulte d'un effet direct de réel.


INCEPTION


Nolan arrive donc avec des éléments complètement irréels à créer un monde qui paraît plausible, parce que tout jusqu'au moindre détail est étudié pour être au service du conte complètement fantastique qu'il nous sert, accompagné de forts effets spectaculaires. Très cool, bien joué Christopher.

Or, Memento est conçu sur le même principe général qu'Inception : une construction binaire qui favorise l'immersion puis, le spectateur étant bien tenu en laisse, il se laisse balader sans réagir. À partir du moment où Léonard justifie ses actes, et sa maladie, le spectateur est embarqué dans un univers psychologique rendu crédible par le personnage lui-même : s'il arrive à expliquer ce qui lui arrive, on ne peut que le croire.


MEMENTO


En contre partie, derrière les similitudes formelles avec Inception, Memento est un film profondément ancré dans une forme unique puisque qu'en plus de la logique binaire,le scénario fonctionne à l'envers de la logique temporelle.

En effet, on remonte dans chaque souvenir de Leonard, un par un, à chaque fois un tout petit plus ancien. À cela se superpose des images en noir et blanc où Leonard parle au téléphone avec une personne : ces moments sont à la fois essentiels pour comprendre le conditionnement qu'il s'inflige, rendre vraisemblable sa version des faits et nous permettre de mieux comprendre à la fin pourquoi elle est si nécessaire. À mi chemin du film, il commence notamment à évoquer le conditionnement que des scientifiques ont opérés avec Sammy Jankis : c'est la seule chose qui rend crédible son acharnement, sa précision, et permet à Nolan de dérouler son scénario tiré par les cheveux.

Pourtant, si son histoire est de plus en plus crédible au cours du temps, cela ne veut pas dire qu'elle est vraie. La dernière séquence du film, qui est en fait là où l'intrigue décolle, nous montre son vrai motif : un homme qui ne cherche pas la vérité, mais la fuit, pour mieux s'en inventer une autre.


MEMENTO


La construction à rebours nous fait donc très vite découvrir que derrière cette image sympathique d'un homme qui chercherait la vérité et sa vengeance, se cache un homme conditionné par lui-même à croire ses propres mensonges et plus encore, un homme qui va jouer de cette situation, pris dans le propre piège qu'il s'est posé. Ce n'est pas un règlement de comptes avec John G., c'est un règlement de comptes avec lui-même.

Toute la construction scénaristique de Nolan repose sur ce schéma tordu, d'aller de vérité en vérité pour nous, et pour Léonard de cacher une vérité, puis une autre, puis une autre, puis une autre, pour finir par tuer un homme, qu'il s'est fixé comme cible.


MEMENTO


La morale de l'histoire ?

Si Léonard avait vraiment quelque chose à venger, il ne serait pas obligé de se le tatouer sur le corps pour s'en souvenir. Il n'a pas vraiment de but, il n'a pas vraiment de vengeance, parce que son mensonge ne peut totalement recouvrir la vérité. Un jour, il le sait, il sera démasqué, et tout ce qu'il peut faire, c'est se faire croire à lui-même qu'il est un innocent mal jugé. D'ailleurs, le titre lui-même fait état de ce manque : Memento, souviens toi, mais de quoi ?

MEMENTO


Memento, thriller américain de Christopher Nolan
avec Guy Pearce, Carrie-Anne Moss et Joe Pantoliano
sorti pour la première fois le 5 septembre 2000 en Italie.

Récompenses :
- Critics' Choice Movie Award du meilleur scénario original,
- Independent Spirit Award de la meilleure actrice dans un second rôle pour Carrie-Anne Moss

BANDE ANNONCE :

AMOUR - HANEKE (2012) : l'amour et la mort, mais avant tout l'amour.

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AMOUR est un film sur l'amour. L'amour et la mort. À travers un couple de quinquagénaires nous voyons un tableau de l'humanité, le bon et le mauvais.
Georges et Anne s'aiment énormément, et cela est évident, malgré leur grand âge. Il font partie de ces couples qui font secrètement rêver tout le monde, cultivés, aimants, ayant réussi leur vie au point de pouvoir faire leurs grosses courses chez Monoprix, et s'étant épanouis au point de ne plus avoir besoin de rien que de la présence de leur conjoint. Cela commence bien, et pourtant, Anne tombe malade. Enfin, plutot, Anne commence à agir bizarrement. Ce qui commence avec de simple malaises va se révèler la plonger dans un paralysie du côté droit, de l'épaule à la jambe.


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Évidemment, c'est dramatique. Pourtant, jamais Haneke ne tombe dans le pathos et la facilité. Il reste dans la plus grande sobriété, celui qui montre avec un œil vif et acerbe une déchéance humaine plus que certaine. Anne va mourir à la fin du film, et nous le savons. Pourtant, on ne peut s'empêcher de se demander comment. Ce film joue sur notre curiosité viscérale et nous tient en haleine de par la pureté de ses images, et la crudité des plans.

Georges va t il tenir le calvaire de porter le poids de la déchéance de sa femme ?

Cela est la grande question, que nous pourrions reformuler ainsi :

Georges aime-t il suffisamment Anne pour la regarder mourir ?

Jean-Louis Trintignant et Emmanuelle Riva incarnent parfaitement deux personnages qui jusqu'au bout gardent une énorme dignité. L'un, en cherchant à chaque seconde à alléger le poids de la maladie pour sa compagne, l'autre, en essayant coute que coute de garder sa dignité, et de faire toute seule, tant qu'elle le peut encore.
Georges essaie d'alléger le poids de la situation. Il parle à Anne d'anecdotes, la divertit, lui fait penser à autre chose.
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Mais anne s'enferme. La maladie la rend asociable, elle une femme toujours souriante et généreuse, d'une grande intelligence. Finalement, elle est tellement enfermée dans sa maladie qu'elle ne veut voir qu'une personne : Georges. C'est le seul qui peut et pourra s'approcher. C'est le seul qui peut décider de son sort. Et lorsqu'elle lui fait comprendre qu'elle veut se laisser mourir de faim, il l'aide, même si cela lui fend le cœur, et le rend fou.

Finalement, c'est Georges qui va se laisser mourir, de désespoir. Et la police va découvrir les corps, celui de Georges dans la petite chambrette, et celui d'anne dans la chambre conjugale, sur son trente et un, et le corps entouré de pétales de roses.
Haneke n'est pas un cinéaste froid, ce n'est pas un cinéaste qui filme l'horreur. Il filme la vérité de la maladie, la réaction des acteurs étant très vraie, celle de la fille notamment, interprétée par Isabelle Hupert exprime une douleur accablante. Ils modélisent tout à fait la difficulté de ce que peut être l'accompagnement d'une personne dépendante pour tout, dans la vie de tous les jours.
     

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La mort est silencieuse, et la mort est pudique. Haneke a très bien su retranscrire cela. Ses plans sont essentiellement statiques, la caméra immobiles, les personnages s'agitant devant l'objectif. Les sons sont rares, les dialogues épurés, on ne dit ici que ce qui est nécessaire.
Au fur et à mesure du film, la lumière décroit. Georges et anne ne sortent plus. Georges ne va même plus faire les courses. Il reste avec Anne, ou reste dans le salon pour lui procurer le semblant d'intimité qu'elle a besoin. Lorsque cela devient difficile, il embauche des infirmières, et les congédient froidement quand elles se conduisent mal avec sa femme. De tout le film, il considère sa femme avec énormément de respect. Même sa fille ne peut pas en dire autant. L'élève d'Anne, est quand à lui très ému par l'état de sa professeure. Et pourtant, encore une fois, l'émotion est cachée. Il ne pleure pas, il garde ses pensées pour lui, il comprend vite qu'Anne ne supporte pas parler de sa condition. Il regarde donc, et joue le jeu.
Au fur et à mesure, georges se réfugie de plus en plus dans le salon. Nous comprenons que la tache de s'occuper d'Anne devient de plus en plus lourde. Les portes de la maison se ferment, la maison autrefois foyer accueillant devient un lieu où les pigeons rentrent par les fenêtres ouvertes, comme des corbeaux qui viendraient bouffer les corps encore chauds. Ca pue la mort, la décomposition et la maladie. Anne meurt, et Georges meurt aussi un peu.
Finalement, Georges se montre autant à la hauteur que ce qu'Anne peut l'espérer. Il l'étouffe avec un coussin, et nous assistons là à la scène la plus horrible de tout le film. Bien sur, anne ne crie pas. Son corps tressaute, et Georges desserre son étreinte. Elle est morte. Et pourtant, rien ne nous le dit.
La mort ne fait pas de bruit, et la mort est pudique. Amour quand a lui promet de faire du bruit longtemps.




Bande annonce d'amour : 





Drame autrichien de Michael haneke
acteurs : jean-louis trintignant, emmanuelle riva, isabelle hupert.
2h07 - couleurs
palme d'or du festival de Cannes 2012
European Film Award de la Meilleure actrice pour Emmanuelle Riva
European Film Award du Meilleur acteur pour Jean-Louis Trintignant
European Film Award du Meilleur réalisateur pour Michael Haneke
European Film Award du Meilleur film
- 6 nominations en France, non récompensé - une en Suisse, non récompensé. 


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AVE - Konstantin Bojanov (2011) : un road trip et un film glauque.

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Avé se présente comme un road trip. On ressent donc une énorme soif de liberté. Les personnages sont prisonniers de leur corps, de leur pays, et de manière complétement conditionnée, de la société, de leur sentiments et même de leur propre besoin d'évasion. Mais leur quête pour de dégager de tout, elle-même semble déboucher sur un non lieu. Et cela parce qu'avé n'est pas un road trip qui fait rêver. C'est un film glauque qui met en scène des jeunes gens paumés dans un monde qui ne peut pas les comprendre.



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   Le monde extérieur est quasiment absent dans Avé. Ce    seront les routiers avides de sexes, les prostitués et d'autres    gens encore plus paumés qu'eux qu'ils croiseront. Comme    deux enfants qui ont grandis trop vite pour se défendre, ils    fuient à chaque fois, sans laisser de trace. Et les oublient    presque aussitôt. Le monde leur est hostile, froid, cruel. Ils le    deviennent un peu, sans y prêter attention.
   Kamen est un personnage que nous trouvons en tant que    spectateur au départ presque détestable. Il ne semble rien    éprouver, et derriere son physique renfrogné, il a tout du délinquant en cavale. Il a, évidemment, traversé des passages difficiles. Il enferme au plus profond de lui-même une certaine colère vis-à-vis du monde entier, et en même temps, un grande tendresse. C'est lui qui autorise à Avé sa présence, une jeune fille complètement mythomane et rêveuse.

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La vérité en prend un coup à chaque fois qu'Avé ouvre la bouche. Elle s'invente des personnalités, à elle et à kamen, et il doit s'adapter. Finalement, il finit par la laisser faire, et juste acquieser. pourtant, il n'a pas l'air menteur, mais plutot tres honnete. Avé n'est pas malhonnête, son systeme de valeurs est juste différent. Elle ment pour Kamen n'aime pas parler beaucoup, en revanche, avé a toujours un mensonge a raconter. Le seul moment ou elle semble réellement raconter la vérité, c'est au moment ou les deux personnages doivent vraisemblablement se quitter, et bien sur, ne jamais se revoir. on percoit a ce moment qu'Avé dit la vérité parce qu'elle n'a jamais eu autant de mal a parler. la vérité lui fait peur. Kamen comprend comme nous à ce moment qu'Avé ment parce que c'est sa facon a elle de se protéger du monde.

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Avé, puisque c'est autour d'elle que tout se fait, nous apparaît tout de suite comme très très jeune. Certaines répliques sont teintées d'une certaine naiveté face aux choses. Pourtant elle est très lucide, et surtout beaucoup plus intelligente que ce qu'elle laisse voir. elle arrive comme ça dans le plan, quand kamen fait du stop, et par interet, ils vont monter dans la meme voiture. Ils vont au meme endroit. Finalement, il vont faire route ensemble.

De ce qu'elle raconte de sa famille, on découvre une grande part de souffrances cachées et mal assumées, un frère admiré mais junkie, une mère et un père aimants mais completement deconnectés. C'est donc une jeune fille seule, désespérément seule qui part à la recherche de son frère. Sauf qu'il est a l'hôpital, avec ses parents, et qu'elle ne les croit pas. Si elle ne les croit pas, c'est parce qu'elle se déconnecte à ce moment officiellement de la réalité, trop dure pour elle. Encore une fois, elle fuit.

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Si kamen parle de ses amis, Avé ne semble pas en avoir. Elle ressent trop et fuit tellement de choses que le spectateur ne la comprend pas. Les multiples découvertes que nous faisons sur ce personnage au cours du film confirment son aspect mystérieux. Nous croyons la comprendre, et a chaque fois quelque chose vient ébranler cette connaissance. Elle souffre de la vie que lui offre son entourage, parce que cette vie ne lui suffit pas. Elle est le spleen, plus qu'elle l'incarne.

Dès lors, elle prend tout de suite énormément de place. De par sa complexité, sa particularité, et son aspect désespérément unique. On oublie presque que c'est le périple de Kamen que nous suivons. Cela provient du profond sentiment de perdition et de solitude que l'on ressent tout au long du film. Ils sont tous les deux, et pourtant, ils sont complétement isolés. Cela transforme aussi le road trip en voyage initiatique qui devient finalement une espèce d'errance décadente. Les décors glissent de plus en plus vers une variété de lieux plus glauques les uns que les autres. Ce qu'on croit être au depart un voyage rapide va devenir de plus en plus long, et finalement, aboutir sur rien : Kamen a raté la cérémonie de mise en biere de son meilleur ami. Ils se restaurent donc, et repartent.

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Ce sont deux enfants, que le temps rapproche le temps d'un voyage, les obligeant à faire face à la dualité et les obligeant à sortir de leur carapace. Ils sont poussés l'un vers l'autre parce que leur route les a mis la et leur route et que les mensonges d'Avé ne gênent plus Kamen. Enfin, pas autant qu'il le laisse entendre.
Kamen va se transformer au court du film. Il passe du stade d'un étranger completement renfrogné et flippant à un jeune homme attentionné et plutot sympathique. Si le voyage échoue donc, c'est parce qu'Avé a tellement peur du bonheur qu'elle le fuit comme le reste. D'où ses larmes dans la voiture qui l'emmene encore ailleurs, et son mensonge, encore un autre. Avé fuit le réel, elle fuit aussi le bonheur quand elle croit qu'il est là. Elle ne vit que dans ses mensonges.
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Le mensonge dans Avé est une délivrance, un bonheur que les personnages ressentent. Kamen, alors qu'il est dans le train dans une des dernieres scenes, sort son premier mensonge. ce mensonge est décisif. D'ailleurs, lui-même souri. Néanmoins, si Kamen ment, il ne se coupe pas totalement du réel. Avé ne cherche que cela. Sa mythomanie la pousse à le faire.


Bande annonce :




Avé, drame bulgare de Konstantin bojanov
acteurs : anjela nedyalkova et ovanes torosyan
1h26 - couleurs
Prix spécial du Jury - Meilleur film - festival du film de Sarajevo

GOD BLESS AMERICA - resume

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GOD BLESS AMERICA n'est pas un film sur les religieux fanatiques, ce n'est pas un film qui vous parlera des amendements de la constitution et qui ne vous dira jamais que quiconque habite en Amérique a le droit a la poursuite du bonheur. En fait, vous en sortirez plutôt morts de rire, et vous disant que décidément, les américains sont vraiment trop bons, et que bah ouais, c'est pour ca qu'on les aime ! À grand renfort de kitsch, ce film vous fera rire, et, en vous plongeant dans une situation absurde, il montre les failles de cette société individualiste et capitaliste modélisée par le géant Américain.
ZOOM sur un homme.
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Tout ce qu'il y a de plus « normal » : Franck, divorcé, seul, vieux garçon dans un appartement de banlieue, tout ce qu'il y a de plus NORMAL (et cliché), victime de migraines violentes et de là, insomniaque. Ces voisins, deux jeunes égoïstes affublés de ce que Franck appelle une « sirène d'alarme », ne font pas grand chose pour améliorer sa triste situation. Il passe donc ses nuits à zapper devant la télévision en pyjama.
Il arrive le lendemain matin au travail, fatigué, et surtout écœuré par toute la bêtise humaine qui ressort de sur son écran. Cette bêtise, cette cruauté et ce manque de civilité lui pèsent de plus en plus. Cet homme normal apres avoir été choqué, commence à trouver insupportable la vue de toutes les stupidités que nous voyons à la télé. Il a deux solutions : soit, regarder arte c'est la nuit, soit, avoir envie de tuer tout le monde. Mais comme c'est un film et qu'il ne capte surement pas les chaines allemandes, il finit par avoir des enormes envies de tuer son entourages de boulets intersidéraux.
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Il en veut à la bêtise humaine, le mainstreaming, le conditionnement de la société, l'individualisme, la télé-réalité - qui pour lui n'est finalement qu'une facon detournée d'occuper des gens avec d'autres qui « savent faire la queue pendant des heures, mais qui n'ont aucun talent », et se rend compte que critiquer tout cela le fait passer pour un extremiste et un con.
Alors qu'il est sur le point de se suicider, tout seul devant sa tele toujours allumée, passe sur l'antenne le reportage de Chloé, jeune fille modele d'un lycée dans l'état de virginia. Chloé est le stereotype par excellence de la jeune fille de bonne famille americaine, pour laquelle les parents, l'école, les professeurs font tellement de choses qu'elle ne s'en rend plus compte. Après un appel de sa fille, franck se rend compte qu'il est peut être le seul vieux con a avoir un peu de ce qu'il considère de la « civilité », à l'aube de ce qu'il voit comme la chute d'un empire, la décadence d'une civilisation qui se dit civilisation mais qui « se comporte comme une bête ».
Ajoutez à cela un rendez vous chez le médecin, pendant lequel ce dernier vous annonce que vous avez juste une tumeur au cerveau, entre deux appels ou il menace son concessionnaire de "lui couper les couilles si la voiture qu'il commande n'est pas munie d'un toit ouvrant", un travail abrutissant derrière un bureau (toujours le meme depuis 11 ans), le manque de reconnaissance, le manque de respect, une invisibilité totale, et vous tenez le cocktail molotov du serial killer. À boire très frais.
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Franck va en effet craquer, et de cette félure jaillira un flot d'energie que franck emploie desormais à tuer les gens qui ne sont pas dignes de vivre dans cette bonne vieille amérique. son but, en résumé sera de tuer un maximum de cons avant de casser sa pipe.
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Il commence avec cette chère Chloé, en tentant de faire sauter sa voiture, comme dans un film hollywoodien. Mais franck n'est pas un héro. C'est un anti-héro, un méchant poussé dans ses limites par une société perdue d'avance. Il echoue donc : son mouchoir recouvert de produit inflammable se voit emporté par le vent.
Cette petite rafale anodine annule tout aspect hollywoodien : il devait allumer sa cigarette, avec la meme allumette, allumer le mouchoir, et partir lentement pendant que la voiture explosait derriere lui. Ralenti. Encore plus de ralenti. Toujours plus de ralenti. Fracas de couleur rouge, fauve et bruits de la tole qui part en fumée. COUPEZ, c'est dans la boite!
Mais fail, franck nous fait mourir de rire a courir derriere son petit mouchoir avec son petit bide de buveur de biere. Hum, il faut arreter les céréales, Frank.
apres le footing, il eteind son papier enflammé, descends la jeune fille à coup de pistolet et pars en courant.
Ensuite, il rencontre Juno. Enfin, c'est comme cela qu'elle se présente. Elle l'a vu épier la jeune fille et comprend qu'il a tué celle qu'elle detestait. Franck etait un pervers qui epiait les jeunes lycéennes avec d'enormes jumelles, il devient des lors un providentiel anormal qui la sort de sa vie de lycéenne monotone, et la fait enfin sortir du lot.
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Elle empechera franck de se suicider, et le convaincra de continuer son action. Ils vont donc rendre visite aux parents de chloé, qu'ils descendent (elle s'en sort beaucoup mieux que lui : elle tue la mere avec un couteau de cuisine alors qu'il est encore en train de courir derriere elle pour la tuer), puis pas mal de gens qui se pose en travers de leur chemin. Seulement les irrespectueux, les cruels, les méchants et les gens qui ont perdu tout sens commun de correction, de politesse, de solidarité, d'écoute, de notion de bien ou de mal, etc... Bref, tout ce qui définit un être humain un peu américain, un peu correspondant au modele de société actuel. Ces etres humains sclérosés par leurs écrans et formatés par leurs emissions préférées, ils les haissent et s'ils se dressent devant eux, ils les descendent.
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Lorsque franck decouvre le pot au roses sur juno (elle fugue depuis le debut), il la renvoie chez ses parents. Puis, il achete le fusil qui accomplira sa derniere œuvre, et se rend à la finale de « american superstar ».
Cette emission cloue sa saison avec le show d'un certain Steven, qui en plus de chanter encore plus mal que les autres, d'avoir un physique peu facile et d'etre completement nul pour la scene, est aussi un profond retardé mental. Toute l'amerique a ri de sa performance aux auditions preliminaires pour l'emission durant laquelle les jurés ne peuvent se retenir de rire devant ce sketch. Mais la tentative de suicide de l'attardé ont fait pencher l'emission vers une rehabilitation moqueuse, et c'est donc couvert de quolibets que steven ouvre la grande soirée de finale.
Franck fait irruption au milieu de la chanson, au milieu de ses premiers tirs de fusil. C'est là qu'on assiste à un enorme retournement de situation : franck met les jurés dans la situation de steven, pensant leur faire ressentir ce qu'il peut ressentir. Il lance aussi un appel à travers les caméras qui tournent en live. Il lance un appel à toute l'amerique pour rappeler ce que l'amerique etait, ce qu'elle est, et ce qu'elle va devenir si les hommes continuent à se montrer aussi horribles : bestiaux, cruels, et dénués d'humanité. Il prend pour cela l'exemple de ce show qui par souci de profit, a ridiculisé un homme, profité de son handicap, et cela dans le seul but de faire de l'audience.
Mais il est coupé par steven lui-même qui lui signale que son suicide n'etait pas du a la pression, aux quolinbets, aux moqueries sur sa premiere prestation mais sur son absence dans les medias apres que l'histoire soit tombée dans les oubliettes. il adore faire la une des journaux.
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Juno, miraculeusement revenue pile pour le final, et franck se regardent, font un « mental high five », et shootent dans le tas de cons. Ils ont le temps de tuer la plupart du public avec le fusil à pompe, les jurés et l'attardé, et tombent au sol lorsque la police les touche.
God bless america.
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comédie américaine
réalisation : Bob Goldthwait
acteurs : Joel Murray, Tara Lynne Barr, Melinda Hamilton
1h40
Aucun prix - 7 nominations dans 3 festivals français différents.