"L'accordeur" de Olivier Treiner - court métrage


"Après un échec à un concours international, un jeune pianiste prodige se reconvertit en accordeur de piano prétendument aveugle (car les gens croient que les sens, particulièrement l'ouïe, d'un aveugle sont plus aiguisés). C'est une autre façon de jouer, un peu bizarre et qui, même s'il semble amusant de s'introduire presque innocemment dans l'intimité de personnes convaincues qu'on ne les voit pas, peut réserver des sensations extrêmes à qui la pratique." 
L'accordeur est le protrait d'un jeune homme, Adrien.




Qui est le personnage de l'accordeur?

De lui nous ne savons rien, même pas son nom. Il est pianiste, fait semblant d'être aveugle, aime le sucre et accorde bien les pianos. Il a tendance à mentir pour obtenir ce qu'il veut, et il semble intelligent. Peut-être un peu trop. Il a aussi horreur qu'on lui refuse quelque chose.
Adrien recherche la proximité avec les gens. Il aime faire un pas dans leur intimité et les voir quand ils baissent la garde.

Les gens chez eux sont toujours différents de comme on les voit à l'extérieur. Ils sont toujours un peu plus relachés, un peu plus eux-mêmes.

Avec un aveugle, ils se sentent encore plus à l'aise.

Ce sentiment, Adrien le recherche semble-t-il. Même s'il semble qu'il aime aussi satisfaire un certain côté voyeur qu'on ne peut nier (les sourires lorsqu'il  regarde la jeune fille danser, mais aussi le confort calme et serein qui transparait dans l'appartement du mec qui se balade en caleçon). Adrien recherche cette vivacité de l'instant, cette pureté et ce naturel que chacun cache, et qu'il cache lui-même en déguisant toute sa personnalité, en ne jouant plus que pour ceux dont il accorde le piano.
  • l'efficacité du court-métrage : 
- la scène d'ouverture, absolument réussie, qui captive tout de suite le spectateur en posant des jalons forts : un aveugle qui joue du piano, une personne dont on ne sait rien et un homme assis dont le pianiste ne sait rien.

- les contrastes ( le pianiste aveugle qui ne joue pour personne / le pianiste talentueux promis à un riche avenir qui passe le concours pour le Prix Bernstein, l'aveugle / le voyeur, le pianiste / l'accordeur, l'opportuniste / l'enfant blessé par son échec, l'homme indépendant actif à l'emploi type de l'adulte et qui raconte des histoires pour expliquer son PDV / l'enfant qui mange du sucre, reste allongé à bouder toute la journée et exige qu'on lui ouvre la porte, la première moitié du film, claire et légère / la deuxième moitié, sombre et sanglante ) et surtout comment ils disparaissent tous à la fin : il ne reste plus que le pianiste. Il a arrêté de faire semblant.

- le jeu de Gregoire LePrince-Ringuet, dont le petit côté légèrement coincé passe parfaitement et donne un aspect respectable au personnage.

- l'opposition entre la scène d'ouverture, le thème de la musique, le côté un peu cassé de notre personnage et sa petite convoitise pour ses réparations ET la scène finale, à partir du moment où on voit le sang. Toute cette fin est sensée être muette, et nous sommes dans la tête d'Adrien. Le seul son qui est réellement présent à ce moment est le son de son piano. Le fait de savoir cela, même si l'acteur parle en voix off, cela fortifie l'effet "thrillant".



L'accordeur, court métrage français d'Olivier Treiner sorti en 2010
classé dans drames psychologiques et thrillers
avec Grégoire Leprince-Ringuer, Grégory Gadebois, Danièle Lebrun, Emeline Gue
couleurs - 35mm - 13'
musique de RAPHAEL TREINER
césar du meilleur court-métrage (2012) ; Chistera du jury au festival des jeunes réalisateurs de Saint-Jean-de-Luz.

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